
20. 11. 2022 à 19 h
Clôture festive du festival
Théâtre Janáček, Théatre national de Brno (NdB)
Auteur: Erwin Schulhoff
Chef d’orchestre: Jiří Rožeň
Mise en scène: Calixto Bieito
Théâtre national de Prague
Orchestre du Théâtre national de Prague
Introduction dramaturgique: 18:15, foyer du théatre Janáček
La performance dure 175 minutes, y compris un entracte de 25 minutes.
1er acte
1ère scène, Nocturno
Les ombres chantent à propos des débordements sexuels de Don Juan et la passion que La Morte éprouve pour lui. Au son d’une flûte solo, Juan entre dans une maison sombre et abandonnée pour séduire une autre femme. On entend ses gémissements d’extase.
2e scène, Chanson du feu
Les ombres chantent à propos d‘une femme dont le désir pour Don Juan est si grand qu’elle imagine que son corps a la couleur du feu.
3e scène, La Messe de minuit
Don Juan, décidé à se racheter pour son comportement licencieux, entre dans une église pour la messe de minuit mais est séduit par une religieuse. La Morte joue de l’orgue Gloria tandis que la musique de fox-trot joue à l’extérieur.
4e scène, Chimère
Don Juan escalade une montagne de corps féminins nus. Au sommet, il trouve La Morte qui l’attend.
5e scène, Galerie
Don Juan entre dans une galerie de statues pleine de statues d’hommes. Les hommes sont ses ancêtres morts qui, contrairement à lui, ont réussi à trouver le bonheur.
6e scène, Dialogue
Don Juan parle à une femme, la même qui est apparue comme une réligieuse plus tôt. Leur conversation est interrompue lorsque Don Juan a la vision d’une autre femme dont le corps est de la couleur du feu.
7e scène, Tempête et Dialogue avec la mer
Marguerite et Don Juan font l’amour pendant une tempête. La Morte apparaît et tue Marguerite. Don Juan se tient devant la mer et raconte sa nostalgie de la mort.
2e acte
8e scène, Nuit de carnaval
C’est la nuit du carnaval. Don Juan et Donna Anna dansent un foxtrot au milieu d’un groupe de mimes de la commedia dell’arte. Arlequin prédit les scènes d’horreur qui auront lieu à minuit. Donna Anna rejette la proposition d’amour de Don Juan, lui disant « Tu es la véritable image de la mort ». Juan assassine ensuite le mari de Donna Anna, Comtur, et celle-ci se suicide.
9e scène, Banquet
Don Juan tente en vain de ranimer Donna Anna lorsqu’un groupe de femmes nues se met à danser autour de lui. Incapable de les arrêter, il appelle La Morte dans le désir pour elle. La Morte dit qu’il sera plus proche d’elle en tant que vivant qu’en tant que mort. Le Comtur prononce alors une malédiction sur Don Juan et le condamne à la vie éternelle. Lorsque don Juan l’entend, il se tire une balle, mais au lieu de mourir, il se transforme en un homme encore plus jeune.
10e scène, Nocturno
Don Juan, condamné à répéter désespérément le cycle de sa vie, entre dans la maison obscure où l’opéra a commencé pour séduire une autre victime, accompagné par le même solo de flûte. La Morte et les Ombres se cachent dans l’obscurité et chantent, les derniers mots de l’opéra appartenant à La Morte : « Le salut est si loin – encore une fois ».
Équipe de mise en scène:
Mise en scène : Calixto Bieito
Scène : Calixto Bieito, Anna Sofia Kirsch
Costumes : Paula Keller
Chef de chœur : Adolf Melichar
Dramaturgie : Jitka Slavíková
Distribution des rôles :
Don Juan : Denys Pivnitsky
La Morte : Tone Kummervold
Femme / Réligieuse / Donna Anna : Světlana Sozdetaleva
Marguerite : Lucie Hájková
Komtur : Pavel Švingr
Arlequin : Ivo Hrachovec
Pantalon : Michal Marhold
Ombres : Jana Sibera, Tamara Morozová, Yukiko Kinjo, Stanislava Jirků, Veronika Hajnová, Kateřina Jalovcová
Le programme du festival offre également des contextes et des contrastes intéressants aux œuvres de Janáček. Cette fois, c’est l’ensemble du Théâtre national de Prague qui présentera une véritable prouesse dramaturgique à la fin du festival – une nouvelle production de l’opéra Les Flammes d’Erwin Schulhoff mise en scène par Calixt Bieit. La première mondiale a eu lieu à Brno, dans l’actuel théâtre Mahen, en 1932. C’était Max Brod, ami de longue date de Janáček, qui a offert le thème de Don Juan au compositeur.
Erwin Schulhoff (1894-1942) est issu d’une famille juive pragoise d’origine allemande. Après des études au conservatoire de Prague, qu’il commence à l’âge de dix ans, il poursuit ses études à Vienne, Leipzig (la composition avec Max Reger) et Cologne. Le début prometteur de sa carrière artistique est interrompu par le début de la Première guerre mondiale. Schulhoff l’a passé comme soldat sur le front de l’Est, et ce séjour a influencé sa vision de l’art. Après la guerre, il a travaillé dans des centres musicaux européens, étant un pianiste excellent. Sa fascination pour le jazz et l’œuvre d’Igor Stravinsky date de cette époque. Comme lui, il commence à combiner dans son travail des approches impressionnistes, expressionnistes et néoclassiques. L’auteur de l’œuvre recommandée par M. Brod était l’écrivain tchèque Karel Josef Beneš, qui a ensuite connu un succès international en tant qu’auteur des romans psychologiques Uloupený život et Kouzelný dům. Son traitement de la légende de Don Juan n’est pas conventionnel et Schulhoff, qui aime expérimenter, est intrigué. Outre l’histoire de Don Juan, le thème surréaliste contient des éléments de la légende du Juif éternel et est influencé par la psychanalyse freudienne.
L’opéra qui combine l’opéra, la pantomime et le poème symphonique est plutôt une série de dix scènes vaguement reliées entre elles. Don Juan est amoureux de la Mort, incarnée par la figure de La Morte, la seule femme qu’il n’a jamais réussi à séduire. Pour son comportement, il ne va pas en enfer comme le Don Giovanni de Mozart, mais est condamné au cycle sans cesse répété de sa vie – entrer dans une maison sombre où l’opéra a commencé, au son d’un solo de flûte, pour séduire la prochaine victime. Six ombres, les femmes qui commentent comme un chœur grec les événements de la scène et la vie de Juan, les observent de loin. L’opéra se termine par les paroles de La Morte : Le salut est si loin – encore une fois. À l’époque de la composition de l’opéra, ni Schulhoff ni Beneš ne savaient qu’ils connaîtraient un sort similaire dans leur vie : Beneš a été condamné à mort pour sa participation à la résistance antinazie, peine commuée en prison (1941-1945) ; Schulhoff n’a pas vécu pour voir la fin de la guerre ; en tant qu’artiste juif, il a été déporté au camp de concentration de Wülzburg, en Bavière, où il est mort de tuberculose en août 1942.
Les Flammes de Schulhoff est une prise unique sur la forme du genre d’opéra, et son message sur la damnation de Don Juan par la vie éternelle forme un parallèle avec L’Affaire Makropoulos de Janáček.
Patricie Částková
Musica non grata – un projet de quatre ans de l’Opéra du Théâtre national et de l’Opéra d’État en coopération avec l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne à Prague.